lundi 16 août 2010


Jackie Evancho sera-t-elle la nouvelle Susan Boyle ? En tout cas, son apparition pendant l'émission "America's Got Talent", diffusée sur la chaîne américaine NBC, mardi 10 août, a provoqué un raz-de-marée comparable à celui suscité par l'Ecossaise, en avril 2009, dans l'émission mère "Britain's Got Talent", lorsqu'elle avait entonné, d'une voix de rêve, la célèbre chanson I Dreamed a Dream, de la comédie musicale Les Misérables, d'Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg.






Une cantatrice de 10 ans stupéfie les Etats-Unis
Quelques détails les distinguent cependant : la jolie Jackie fait vraiment son âge (Susan Boyle, au physique plus ingrat, faisait largement plus que ses 48 ans) et chante non une chanson mais un air d'opéra, O mio Babbino caro, extrait de Gianni Schicchi, de Giacomo Puccini. Surtout, Jackie n'a que... 10 ans. Après son interprétation, la petite fille a déclenché l'enthousiasme du public, des téléspectateurs votants et du jury. Sa présélection sur YouTube (partenaire de l'émission) avait lancé les premières vagues de ce succès. Depuis, les visionnages sur le site Internet ne cessent d'augmenter.

Tout aussi exceptionnel qu'il paraît, le cas de Jackie Evancho n'est pas unique. Entre autres exemples, la grande cantatrice américaine Beverly Sills (1929-2007) avait fait ses débuts en chantant à 8 ans pour des radio-crochet et au cinéma. A l'âge de Jackie, elle vocalisait des airs d'opéra beaucoup plus aigus et difficiles. En 1997, la Britannique Charlotte Church fit, à 11 ans, ses débuts dans l'émission britannique "The Big, Big Talent Show" et témoignait d'une voix de soprano modeste mais étonnante.

Absence de souffle

Des trois, Jackie Evancho chante le moins haut (elle transpose l'air de Puccini un ton plus bas et l'interprète dans une version simplifiée et raccourcie). En revanche, elle a, au même âge, le timbre le plus beau. Si l'on écoute Jackie "à l'aveugle", la seule faiblesse technique qui trahisse son âge est son absence de souffle, chose normale étant donnée la taille de la cage thoracique d'une petite fille.

Sera-t-elle une grande chanteuse du calibre de Beverly Sills ? Nul ne peut dire comment son talent naturel évoluera à la puberté (car les filles muent aussi, de façon moins audible que les garçons cependant). Surtout, cet avenir dépendra de ce que son entourage voudra faire de la fillette, déjà très à l'aise avec les médias : une vedette express et "bancable", telle que les émissions de télé-réalité en révèlent sans cesse, ou une artiste qui prendra la peine d'apprendre son métier lentement et sûrement.
Renaud Machart

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